Comme chaque matin, le berger ouvrit l'enclos de ses moutons pour les accompagner dans les près. Mais, ce jour là, sans s'en rendre compte, il laissa la porte grande ouverte.
Quand la dinde s'en aperçu, elle dit à ses petits: Vite, mes enfants! aujourd'hui, nous partons faire une promenade à la campagne.
Ravis, tous les dindonneaux suivirent leur mère. De temps en temps, ils s'arrêtaient pour se reposer: ils en profitaient pour picorer de l'herbe et boire.
Après un long parcours, la dinde ordonna à ses enfants de s'arrêter. Montrant le sol avec la patte, elle leur dit: Regardez, mes petits, ceci est une fourmilière. Et là, marchant en colonne, ce sont des fourmis. C'est petites bêtes noires sont délicieuses pour nous, les dindons. Nourrissez-vous, mes enfants! n'ayez pas peur d'elles. Moi-même, j'en ai mangées et regardez comme je suis devenu grande et forte. Après s'être bien nourrie, la dinde fut soudain très triste. Elle dit à ses petits en soupirant:
Mais enfants, vous voyez comme nous sommes heureux aujourd'hui! mais nous le serions encore plus si les cuisiniers n'existaient pas!
Pourquoi, maman? ils sont méchants, les cuisiniers? demanda le plus petit.
Oui, mon chéri, ils sont très méchants. Ils nous rôtissent au four, nous font mijoter dans des casseroles ou nous font frire à la poêle. Ils aiment nous manger. Ils dévorent notre viande. Ils sont cruels! Ce n'est pas juste, mais vraiment pas juste!
Alors que la dinde pleurait à chaudes larmes et se lamentait, une fourmi réussit à s'échapper de la colonne que les dindonneaux picoraient. Elle monta en haut d'une branche d'arbre. dès que la fourmi se sentit en sécurité, elle dit à la dinde:
Alors comme ça, vous pensez que les hommes sont méchants et cruels!
Il n'y a aucun doute là-dessus, répondit la dinde, tout en essayant de découvrir l'endroit où se trouvait la fourmi qui lui parlait.
Nous sommes d'accord, rétorqua-t-elle. Mais alors dites-moi: si les hommes sont si cruels avec les dindes, les dindes ne le sont-elles pas avec les fourmis?
Non, mademoiselle, absolument pas! cria la dinde en colère.
Et bien sachez, madame la dinde, que vous et vos petits venez de manger à votre déjeuner ma famille: parents, enfants, oncles, cousins et grands-parents... Que dis-je! vous n'avez pas seulement dévoré ma famille mais une partie de mon peuple!
Devant ces arguments, la dinde ne sut plus quoi dire. Perdu dans ses pensées, elle ne vit pas le ver se nourrir des grains de blé par terre. Mais, sur la branche de son arbre, la fourmi l'aperçu et se mit à crier:
Mes soeurs, sortez! il y a ici un ver avec de grain de blé et je vois d'ici, son nid!
Aussitôt, une armée de fourmis sortit de la fourmilière. Et en un clin d'oeil, elles volèrent au ver tous les grains qu'il avait emmagasinés. La dinde dit alors à la fourmi:
C'est tout de même étrange, chère amie, que vous et moi puissions voir les défauts des autres... mais pas les notres.
LES FAUTES DES AUTRES SONT D'HORRIBLES DELITS. MAIS CELLES QUE TOUS NOUS AVONS COMMISES? NE SONT-ELLES PAS AUSSI HORRIBLES?